Préjugés et croyances
Malgré l'évolution des connaissances, de la science, des sociétés, les croyances et préjugés entourant l'albinisme ont la vie dure dans certaines contrées du monde, notamment en Tanzanie, au Burundi et au Kenya. Victimes de croyances attribuant des vertus magiques à leurs membres et à leurs organes, les albinos ont été, pendant des siècles, les victimes d'effroyables persécutions et massacres. Meurtres, trafic d'organes... des actes qui ont suscité l’horreur absolue auprès des instances de l’ONU, chargées alors d’intervenir pour dénoncer cette barbarie et mettre en place des sanctions.
Sans distinction d’âge ni de sexe, chaque année, des centaines d'albinos sont assassinés, mutilés, y compris les bébés. La croyance est telle que les prix des organes et des membres atteignent des sommes démentielles : 1000 $ pour une main, 75 000 pour un corps tout entier qui sera ensuite offert aux esprits de la pluie, de la forêt, pour apporter chance, amour, santé… Un trafic sordide, inimaginable dans nos sociétés actuelles.
C'est dans les villages que les croyances sont les plus tenaces. Aussi, les albinos cherchent-ils l'anonymat des villes. Les femmes accouchant d'un enfant albinos fuient par tous les moyens, vers des terres plus amicales, où l'enfant pourra grandir. Si les pensées évoluent, que les gouvernements interdisent désormais la pratique de la sorcellerie pour endiguer les attaques contre les albinos, ces derniers n'en demeurent pas moins les objets d'une morbide convoitise, et ne peuvent vivre normalement au milieu des leurs.
Des associations se battent quotidiennement pour mettre un terme à toutes ces pratiques occultes, sensibiliser les populations. Mais ces pratiques, basées sur des traditions locales ancestrales, avec ce qu’elles comportent de plus abject aux yeux des pays civilisés et en terme humanitaire, sont pourtant bien difficiles à éradiquer. Il faudra sans doute des décennies pour changer le regard des populations sur les albinos en Afrique, et se défaire de cette foule de préjugés accompagnant la naissance d’un enfant à la peau très claire au sein d’une population noire. La marginalisation doit cesser et le regard sur les albinos doit évoluer afin de leur offrir une vie digne de tout être humain.